Comment l’évolution du DPE et des « passoires thermiques » rebat les cartes de l’investissement locatif en France en 2025
Comprendre l’évolution du DPE 2025 et l’impact des « passoires thermiques » sur l’investissement locatif
Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu, en quelques années, un pivot central de l’investissement locatif en France. Longtemps perçu comme un simple document administratif, il est désormais un véritable outil de pilotage pour les investisseurs, les propriétaires bailleurs et les professionnels de l’immobilier.
À l’horizon 2025, les « passoires thermiques » – ces logements classés F et G au DPE – se trouvent au cœur d’une transformation réglementaire majeure. Les nouvelles obligations, interdictions progressives de location, aides à la rénovation énergétique et évolution de la demande des locataires rebattent profondément les cartes. Un bien mal classé n’est plus seulement difficile à louer. Il peut devenir, à court terme, juridiquement impropre à la location s’il n’est pas rénové.
DPE 2025 : ce qui change pour les propriétaires bailleurs et investisseurs
Le DPE a été profondément réformé en 2021, mais ses effets se déploient pleinement entre 2023 et 2034, avec des jalons clés pour l’investissement locatif. En 2025, la lisibilité du cadre réglementaire est meilleure, et ses implications financières se font sentir dans toutes les stratégies patrimoniales.
Les principaux changements ayant un impact direct sur les investisseurs sont les suivants :
- Un DPE désormais opposable, engageant la responsabilité du propriétaire en cas d’erreur manifeste.
- Une méthode de calcul unifiée pour les logements (méthode 3CL), basée sur les caractéristiques du bâti et des équipements, et non plus sur les factures.
- Une interdiction progressive de mise en location des logements les plus énergivores, selon leur classe énergétique.
- Un lien de plus en plus fort entre valeur verte, prix de vente, loyers possibles et classe DPE.
En 2025, pour un investisseur, ignorer le DPE revient à ne plus maîtriser ni sa rentabilité locative, ni la liquidité future de son bien. Les stratégies d’achat-revente, comme les projets de location nue ou meublée, doivent intégrer ce nouvel environnement normatif.
Passoires thermiques : définition, calendrier d’interdiction et risque d’obsolescence
On appelle passoires thermiques les logements classés F ou G au DPE. Ces biens consomment beaucoup d’énergie, génèrent des factures élevées pour les occupants et présentent un bilan carbone défavorable. Du point de vue réglementaire, ils sont devenus sensibles. Et à terme, ils peuvent être exclus du marché locatif traditionnel.
Le calendrier issu de la loi Climat et Résilience est déterminant pour un investisseur :
- Depuis 2023 : interdiction d’augmenter le loyer des logements classés F et G dans certaines zones, notamment en cas de relocation ou de renouvellement de bail.
- Depuis 2025 : les logements classés G les plus énergivores (au-delà d’un certain seuil de consommation) sont progressivement interdits à la location.
- À partir de 2028 : tous les logements classés F et G seront exclus de la location, sauf travaux de rénovation énergétique permettant d’atteindre au minimum la classe E.
- Horizon 2034 : pression croissante pour tendre vers des logements au moins en classe D, voire mieux dans les grandes métropoles et les marchés tendus.
Ce calendrier crée une obsolescence réglementaire de certains biens. Un appartement ou une maison classé G en 2025 peut perdre une partie significative de sa valeur locative, et donc de sa valeur vénale, s’il n’est pas rénové à temps. À l’inverse, cette contrainte engendre de nouvelles opportunités pour les investisseurs capables de financer et piloter une rénovation énergétique performante.
Impact du DPE sur la rentabilité et la stratégie d’investissement locatif en 2025
L’investissement locatif en 2025 ne se résume plus à la simple comparaison entre prix d’achat, loyer potentiel et charges. La performance énergétique est devenue un paramètre financier à part entière. Elle influence :
- Le prix d’acquisition : les passoires thermiques se vendent souvent avec une décote, surtout dans les zones où la demande est plus faible.
- Le niveau de loyer : un bon DPE (A, B, C) peut justifier un loyer plus élevé et attire davantage de candidats solvables.
- Le taux de vacance locative : les logements performants se louent plus vite et se relouent plus facilement.
- Le coût des travaux : un bien mal isolé nécessite un budget travaux important, qui doit être intégré dès la phase d’analyse de la rentabilité.
- La fiscalité : certains dispositifs d’aides et de déductions sont conditionnés à la réalisation de travaux d’amélioration énergétique.
Un investisseur doit désormais raisonner en coût global sur 10 à 20 ans, et non en simple rendement brut annuel. Intégrer le DPE dans sa stratégie, c’est anticiper les charges futures, la possible interdiction de location, les évolutions de la demande des locataires et l’impact sur la revente.
Rénovation énergétique : menace ou opportunité pour l’investisseur immobilier ?
La rénovation énergétique des passoires thermiques peut être perçue comme une contrainte lourde. Elle implique souvent :
- Des travaux de remplacement de chaudière ou de système de chauffage.
- Une isolation thermique de l’enveloppe du bâtiment (murs, combles, planchers, menuiseries).
- Une amélioration de la ventilation pour éviter les problèmes de condensation et de qualité de l’air.
- Parfois une restructuration intérieure pour optimiser les déperditions ou le système de distribution du chauffage.
Pour l’investisseur, ces dépenses peuvent paraître lourdes, mais elles doivent être mises en regard de plusieurs bénéfices potentiels :
- Une augmentation de la valeur verte du bien, donc de son prix de revente.
- Une meilleure attractivité locative, donc un taux de vacance réduit.
- La possibilité de maintenir la location malgré les durcissements réglementaires.
- L’accès à des aides financières (MaPrimeRénov’, éco-PTZ, certificats d’économies d’énergie, aides locales).
En 2025, l’investisseur averti ne se contente plus d’éviter les passoires thermiques. Il peut, au contraire, cibler des biens F ou G à prix décotés, programmer un plan de rénovation énergétique cohérent, et transformer un actif en difficulté en produit patrimonial valorisé. La clé réside dans la maîtrise des coûts et dans une bonne coordination entre diagnostic, audit énergétique et réalisation des travaux.
Comment analyser un DPE avant un achat en investissement locatif
La simple lettre (A à G) ne suffit plus pour prendre une décision d’investissement. Un DPE détaillé fournit de nombreuses informations utiles. Avant d’acheter, il est pertinent de vérifier :
- La date du DPE et sa conformité à la nouvelle réglementation.
- La consommation énergétique en kWh/m²/an et les émissions de gaz à effet de serre.
- Les recommandations de travaux proposées par le diagnostiqueur, avec une estimation de gain de classe énergétique.
- Le type de système de chauffage (électrique, gaz, fioul, pompe à chaleur, réseau de chaleur).
- Les informations sur l’isolation existante (murs, toiture, vitrages, planchers).
Dans les projets complexes ou pour des immeubles entiers, un audit énergétique plus complet peut être réalisé. Il permet de simuler plusieurs scénarios de travaux, d’estimer précisément le gain de performance énergétique, et donc d’ajuster au mieux le plan de financement et le montage de l’investissement locatif.
Stratégies d’investissement locatif face aux passoires thermiques en 2025
En 2025, plusieurs stratégies se dessinent sur le marché français. Chacune a ses avantages, ses risques et ses horizons de rentabilité :
- Stratégie d’évitement des passoires thermiques
L’investisseur choisit de se positionner uniquement sur des biens déjà classés C ou D minimum. Le prix d’achat est généralement plus élevé, mais les travaux sont limités. Le bien est immédiatement louable, et le risque réglementaire est réduit. - Stratégie d’achat-rénovation des passoires thermiques
L’investisseur acquiert un bien F ou G avec une forte décote, programme des travaux de rénovation énergétique, puis remet le logement sur le marché avec un DPE amélioré (E ou mieux). La rentabilité se joue sur la bonne estimation du coût des travaux et la capacité à valoriser l’actif après rénovation. - Stratégie patrimoniale long terme
L’investisseur détient déjà un patrimoine ancien. Il met en place un plan pluriannuel de travaux pour faire monter progressivement en gamme les classes DPE de ses logements. Il profite des aides, lisse les investissements dans le temps, et sécurise la pérennité locative de son portefeuille. - Stratégie opportuniste
Certains investisseurs attendent que la pression réglementaire et les contraintes techniques fassent baisser fortement le prix des passoires thermiques sur certains marchés. Ils se positionnent alors sur des biens très décotés, en ciblant des projets de rénovation globale.
Dans tous les cas, la gestion du DPE n’est plus un élément secondaire. Elle devient la colonne vertébrale de la stratégie d’investissement locatif en France.
Évolution de la demande des locataires : confort thermique, factures et image écologique
Les locataires sont de plus en plus attentifs à la performance énergétique. La hausse du prix de l’énergie, la sensibilisation aux enjeux climatiques et le poids des factures mensuelles modifient leurs critères de choix. En 2025, un logement avec un bon DPE se démarque clairement :
- Il offre un confort thermique supérieur, été comme hiver.
- Les charges de chauffage sont mieux maîtrisées, ce qui améliore le pouvoir d’achat du locataire.
- Il renvoie une image écologique positive, importante pour une partie croissante de la population.
Pour un investisseur, se positionner sur des biens performants ou rénovés permet non seulement de respecter les contraintes légales, mais aussi de répondre à une demande locative en mutation. Cette adéquation entre offre et attentes des occupants est un levier puissant pour sécuriser la durée de location, la stabilité du locataire et le taux de remplissage.
Perspectives 2025 et au-delà : vers une généralisation de la valeur verte dans l’immobilier locatif
Les tendances observées en 2025 laissent entrevoir une généralisation de la valeur verte dans l’immobilier résidentiel français. Le DPE n’est plus un simple document annexé au bail ou à l’acte de vente. Il devient un critère de négociation, un indicateur de risque, un outil d’arbitrage.
Les investisseurs qui intègrent dès aujourd’hui le DPE, la rénovation énergétique et la lutte contre les passoires thermiques dans leur stratégie prennent une longueur d’avance. Ils se positionnent sur un parc immobilier plus durable, plus attractif et plus résilient face aux évolutions réglementaires et aux attentes des locataires.
En 2025, l’investissement locatif en France se réinvente autour de la performance énergétique. Les cartes sont rebattues, mais les opportunités restent nombreuses pour ceux qui acceptent de combiner approche financière, vision long terme et exigence technique sur la qualité des bâtiments.
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